Category: Livres,Romans et littérature,Littérature espagnole
Bailler devant Dieu : Journal, 1999-2010 Details
« Moi aussi, je pense que le monde, la vie, appelons cela comme on veut, a été injuste avec moi. Mais à mon avantage. »Pendant longtemps Uriarte a été critique littéraire. À le lire, il n’éprouva jamais la tentation du roman. Mais dans son journal, Uriarte écrit sans prétention, bien qu’avec le souci de l’exactitude du trait, le roman de son époque, de son monde, de son entourage. Le lecteur partage son amitié pour son chat Borges, devine ses ricanements étouffés quand il conte une absurdité, s’amuse avec lui des ridicules des milieux littéraires, jubile de la justesse de ses considérations sur les grands auteurs, prend plaisir à le suivre sur la plage de Benidorm, comprend sa colère quand il sort de chez un coiffeur incompétent. Il y a aussi, parfois, du Woody Allen en Uriarte. D’ailleurs, il est né à New York.L’Espagne se réjouissait de compter Uriarte dans le petit nombre de ses écrivains profonds et légers, lucides et élégants. La France, grâce à cette excellente traduction des Diarios due à Carlos Pardo, vient de le naturaliser.
Reviews
Le meilleur, c'est le titre : « Bâiller devant Dieu ». Hélas, comme Iñaki Uriarte le dévoile sans se faire prier, il n'est pas de lui.Pour le reste, voilà dix ans de journal littéraire (1999-2010), trois cents pages dans lesquelles, comme dirait Michon, « l'art est rare » ; mais cela ne préoccupe pas énormément l'auteur, figure attachante et volontiers indolente, jusque dans ses ?uvres. Certains diront qu'Uriarte est un « nihiliste ». Le mot, qui dénote tout de même une certaine activité, lui sied mal ; l'auteur est plus probablement un cordial cossard, un chouette réfractaire à la tâche, ce qui n'est certes aucunement un problème dans la vie, sauf lorsqu'on se mêle de la mettre en forme et que le résultat, littérairement, pèche, manque de substance, s'évanouit à mesure de la lecture.Autant dire que le genre ??journal? n'atteint pas ici ses sommets. La lecture parallèle du tome 3 du journal de Muray, qui vient lui aussi de paraître, est bien cruelle pour Uriarte : autant comparer le c?ur nucléaire d'une géante rouge à une modeste chaudière de maison de campagne. Son éditeur français annonce la couleur en faisant ouvrir le livre par une préface de l'idoine Frédéric Schiffter, Biarrot neurasthénique mais tout de même assez protégé, qui depuis des années a le même rapport aimablement décontracté avec l'?uvre, la phrase, la forme. Les deux lascars décrochent de temps à autre ?? c'est statistique ?? de savoureux aphorismes désinvoltes ou désabusés, mais c'est bien tout. On peut s'en contenter. On peut lire Uriarte dans un transat, sur une belle plage de galets des Asturies ou de Biscaye, comme l'auteur se représente sur la couverture. Et en effet, pas une pierre n'en sera dérangée.===SUPPL?MENT : et voilà que le préfacier Schiffter, piqué au vif, répond sur son blog à ma critique ci-dessus, en moins de vingt-quatre heures (!!!) et surtout en me prenant pour un P. Corneau (???) qui serait venu régler ici des différends personnels dont je ne sais rien.Cher Schiffter, veuillez laisser ce Corneau tranquille et, la prochaine fois, essayez de garder la tête froide face à une critique qui n'a pourtant rien d'un pilonnage (trois étoiles sur cinq, tout de même, pour le journal d'Uriarte comme pour le vôtre ; mais sans doute en vouliez-vous cinq ?).C'est d'ailleurs sur votre conseil ?? la citation que vous aviez faite dans votre blog, il y a des mois ou des années, du passage d'Uriarte sur « Antonio, [son] pharmacien » ?? qu'enthousiasmé j'avais pris note de lire, dès sa disponibilité en français, le journal de votre nouvel ami basque. Je me suis précipité dès parution. Je m'attendais à une sorte de chef-d'?uvre inconnu, une « excellence » comme vous dites. Eh bien, ce n'en est pas une. Est-il permis de le dire ?Vous devriez plutôt vous réjouir d'être lu avec attention, même par un imbécile comme moi (non-Corneau cependant). Et je maintiens bien sûr les réserves déjà faites sur votre indolence formelle, votre paresse que vous êtes d'ailleurs le premier à reconnaître dans vos écrits ?? une flemme qui, à mon avis sans doute inepte, nuit profondément à votre ?uvre, comme celle d'Uriarte à la sienne. Ce qui ne m'empêchera sans doute pas de continuer à vous lire avec intérêt, quand j'en aurai l'occasion. Il faut savoir dissocier l'homme de l'auteur, et le fat de ses quelques réussites.
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